Un jour, j`ai traversé un paysage vert et en pleine fleuraison, coloré par le fil des saisons, réjouissant dans toute la beauté et l`imagination avec lesquelles le passage du temps l`avait décoré, sans le dérober de son innocence. Comme un jeune adulte qui perçoit pour la première fois la vie dans toutes ses couleurs et ses possibilités, encore épargné du voile gris et lourd qui, indispensablement, troublera de plus en plus sa vision idéaliste du monde. Ainsi me semblait ce matin-là ce paysage, calme et innocent, mais plein de vie et plein de promesses. Devant mes yeux s`étendait la prairie, d`un vert éblouissant, qui traversait les collines jusqu`à ce qu`elle se confonde avec le bleu de l`horizon, coquetant avec l`infini. Les fleurs, s`ébattant dans toutes les formes et toutes les couleurs, qui ravissaient mes yeux, semblaient m`inviter à me mélanger à la danse légère que les couleurs entamaient avec l`horizon. Mon esprit s`évaporait et s`habillait dans toutes les nuances qui l`entouraient, suivant leur invitation à la découverte de la passion. Le vent me caressait et je me sentais enveloppée de sa douce poésie, de ses vers chuchotant de voyages et de beauté, d`aventures et de liberté, toutes ces promesses dont le ciel était le vague précurseur, mais que son voile flottant cachait encore de mes yeux. Quelle envie m`a prise à ce moment de suivre cette voix douce qui me séduisait et d`accepter son invitation au voyage ! Quel désir j`éprouvais de goûter à cette vie palpitante et aventureuse, et de me perdre dans ses océans !
Hélas ! L`horizon était tellement lointain et il y avait tant de collines à surmonter, qui cependant, s`élèveraient de nouveau devant moi, jusqu`à ce que j`aies finalement atteint cette piste de danse diffuse. Cependant, la route grise et droite qui s`étendait devant mes yeux, alors qu`elle ne m`inspirait pas la même agitation que la voix douce du vent, sa simplicité promettait au moins la sécurité, un passage facile, sans obstacles. Partagée entre la tentation de cette vie intense, mais incertaine, et l`option si simple qui se présentait à moi, je demeurais longtemps à contempler l`espace qui me semblait soudainement si vaste. Et si je n`apprendrais jamais à danser ?
Un sourire nostalgique se dessine sur mon visage en me souvenant de cela, de nombreuses années après ce jour-là, lorsque ce paysage ensoleillait ma pensée. J`ai pris la route qui s`étendait devant moi avec ses promesses moins orgueilleuses, mais constantes et plus facile à atteindre. J`ai longtemps suivi son parcours tout droit et finalement, je suis arrivée sur la seule grande colline qu`elle m`avait fait monter, sachant que j`avais réussi à ses défis et fait ma vie. Je jouis d`une très belle vue ici qui me présente un paysage impressionniste et charmant, tout comme celui que mon cœur n`a jamais oublié.
Et bien que cette vue m`enchante toujours, mes mains glissent dans le vide, ne trouvant plus rien à tenir. Au cours de ma route, aucun souvenir subsistant ne s`est formé, aucune nuance ne se distingue par sa subtilité et dans mon reflet, tout ce que je vois, une silhouette muette. Comme ma vie s`achève lentement, je me rends compte que je n`ai jamais dansé avec l`horizon.
Copyright Sophie Aduial 2017